QUEL EST LE PROBLEME ?
L'instabilité est caractérisée par la récidive, plus ou moins fréquente, des épisodes de luxation ou de subluxation antérieure de l'épaule. Plus l'âge du premier épisode d'instabilité est jeune, plus le risque de récidive est grand.
On distingue 3 tableaux cliniques :
- les luxations récidivantes
- les subluxations récidivantes (la tête de l'humérus revient spontanément)
- l'épaule douloureuse instable (le patient ne ressent que la douleur sans la sensation de déboitement)
QU'EST CE QUE VOUS RESSENTEZ ?
Les épisodes d'instabilité sont facilement reconnaissables par le patient, associant douleur aiguë avec sensation de déboitement. La réduction de l'épaule par un soignant ou par le patient lui-même entraîne un arrêt de la douleur aigüe. Entre les épisodes d'instabilité, l'épaule est en général indolore et parfaitement mobile. Une appréhension à réaliser certains gestes par peur de la luxation peut être ressentie.
COMMENT IDENTIFIER VOTRE PROBLEME ?
Tout d’abord l'examen clinique de votre épaule par votre médecin ou votre chirurgien est le préambule obligatoire. Il permettra d’orienter le problème et ainsi de vous prescrire les bons examens.
Une radiographie de l’épaule de face (idéalement 3 rotations : neutre, externe, interne) et un profil dit axillaire sont obligatoires avant tout autre examen car ils sont très informatifs. On y recherchera des signes d'instabilité antérieure tel qu'une encoche sur la tête humérale ou une fracture du rebord glénoïdien.
Dans certains cas, le bilan radiologique pourra être complété par une IRM ou un arthroscanner (scanner avec injection de produit de contraste).
COMMENT TRAITER VOTRE PROBLEME ?
Traitement médical
En cas d'épaule douloureuse instable, la rééducation peut permettre une amélioration.
En cas d'instabilité, la rééducation est primordiale après un premier épisode de luxation, afin de récupérer les mouvements de votre épaule. En revanche, la rééducation ne permettra pas d'éviter les prochains épisodes d'instabilité.
Traitement chirurgical
2 traitements de stabilisation sont possibles, dont l'objectif est de retrouver une épaule stable et parfaitement fonctionnelle, vous permettant de reprendre l'intégralité de vos activités physiques, sportives et professionnelles sans restrictions.
- La butée coracoïdienne vissée
La chirurgie consiste à stabiliser la partie antérieure de la glène par la mise en place d'une greffe osseuse vissée, prise au niveau d'une partie de l'omoplate appelée coracoïde.
D'après les illustrations du Dr De Beer (maîtrise orthopédique)
Cette intervention s'effectue en chirurgie ouverte conventionnelle, avec une cicatrice située à la partie antérieure de l'épaule. Elle peut s'effectuer en chirurgie ambulatoire ou conventionnelle.
- La retente ligamentaire (Bankart)
Dans certains cas bien précis (- de 10% des patients instables), une stabilisation par retente ligamentaire peut être proposée, selon la technique de bankart.
Cette intervention ne nécessite pas d’ouvrir votre épaule mais s’effectue de l’intérieur avec l’aide d’une caméra : c’est l’arthroscopie (cf chapitre arthroscopie de l'épaule). La durée de l’intervention est en moyenne d’une demi-heure et s'effectue en chirurgie ambulatoire.
Les suites de votre opération
- La butée coracoïdienne vissée
Un gilet d'immobilisation coude au corps est mis en place pour une durée de 4 semaines, afin de protéger la consolidation de la butée osseuse.
Le lendemain de l’intervention, le pansement post-opératoire est relayé par un petit pansement simple, qui sera refait par une infirmière à domicile jusqu’à l’ablation des fils (au 15ème jour environ).
Des exercices d’auto-rééducation vont seront enseignés par les kinésithérapeutes, pour récupérer le plus rapidement possible la mobilité de votre épaule (cf rééducation de l'épaule opérée). Vous les répéterez ensuite 2 fois par jour à votre domicile pour éviter à votre épaule de s’enraidir.
La première consultation de contrôle est effectuée au cabinet de votre chirurgien à 4 semaines post-opératoires, pour ôter le gilet d’immobilisation et démarrer les séances de rééducation auprès de votre kinésithérapeute (n’hésitez pas à prendre votre premier RDV de kinésithérapie à l’avance pour que la première séance soit la plus proche possible de ce RDV chirurgical). La reprise des pratiques sportives ne nécessitant pas les bras est autorisée, tout comme la reprise professionnelle en cas de travail non manuel de force.
Le chirurgien vous revoit ensuite à 3 mois de l’intervention avec un bilan radiologique (date à laquelle votre butée doit être solide). Si la consolidation est acquise, l'ensemble des activités professionnelles et sportives seront autorisées sans restrictions.
- La retente ligamentaire (Bankart)
Un pansement volumineux est réalisé en fin d’intervention pour récupérer le liquide mis en place pendant l’opération (sérum physiologique) indispensable à la bonne vision de la caméra.
Un gilet d'immobilisation coude au corps est mis en place pour une durée de 1 mois, afin de protéger la réinsertion des ligaments.
Le lendemain de l’intervention, le volumineux pansement post-opératoire est relayé par des petits pansements simples, qui seront refaits par une infirmière à domicile jusqu’à l’ablation des fils (au 15ème jour environ).
La première consultation de contrôle est effectuée au cabinet de votre chirurgien à 4 semaines post-opératoires, pour ôter le gilet d’immobilisation et démarrer les séances de rééducation auprès de votre kinésithérapeute (n’hésitez pas à prendre votre premier RDV de kinésithérapie à l’avance pour que la première séance soit la plus proche possible de ce RDV chirurgical).
Le chirurgien vous revoit ensuite à 3 mois de l’intervention, date à laquelle la reprise des pratiques sportives ne nécessitant pas les bras est autorisée, tout comme la reprise professionnelle en cas de travail non manuel de force. Le chirurgien vous revoit ensuite à 6 mois de l'intervention, date à laquelle l'ensemble des activités professionnelles et sportives seront autorisées sans restrictions.
QUELS SONT LES RISQUES PARTICULIERS DE VOTRE INTERVENTION ?
- Les complications postopératoires immédiates sont rares. Comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical.
- Il peut également survenir un trouble de cicatrisation cutanée. L’évolution est très souvent favorable avec la poursuite des pansements.
- L’infection profonde est malheureusement toujours possible. Elle peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection.
- La capsulite rétractile est une rétraction de la capsule de l’articulation entrainant une diminution de la mobilité passive et active de l’épaule. Elle est favorisée par l’immobilisation postopératoire. Elle récupère dans la grande majorité des cas, mais dans des délais plus longs. Pour diminuer ce risque, les kinésithérapeutes vous enseignent des exercices spécifiques de mobilisation de votre épaule dès le lendemain de l’intervention chirurgicale. Elle peut parfois entrainer une raideur partielle séquellaire.
- L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles. Elle reste heureusement exceptionnelle.
- Les lésions nerveuses sont exceptionnelles.
- L’absence de consolidation de la butée est la complication la plus fréquente, pouvant parfois aboutir à une récidive de l'instabilité et une nouvelle intervention chirurgicale.
- La récidive de l'instabilité avec butée consolidée en bonne position est toujours possible mais exceptionnelle. En revanche, elle est malheureusement la complication la plus fréquente après retente ligamentaire sous arthroscopie.
- Des douleurs dues aux vis sont possibles et peuvent conduire parfois à leur ablation une fois que la butée est parfaitement consolidée.
La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique. Toutes les complications ne peuvent être précisées.
En cas de problème ou si vous constatez quelque chose d’anormal après l’opération, il faut contacter votre chirurgien, car prendre en charge précocement une complication permet en général de mieux la guérir. Il pourra également vous rassurer si ce que vous ressentez est normal.
QUELS SONT LES RISQUES EN CAS DE NON-OPERATION ?
Le risque principal est le développement d'une arthrose (usure du cartilage articulaire) du fait de la répétition des épisodes d'instabilité. A chaque épisode d'instabilité, un risque de complication est présent (lésion neurologique, rupture de tendon...).