L’arthroscopie est une technique opératoire permettant au chirurgien de réaliser une intervention chirurgicale sous contrôle vidéo, évitant ainsi les larges incisions de la chirurgie conventionnelle. Les progrès technologiques ont permis son essor depuis une trentaine d’années, mais les premiers travaux remontent aux années 1930 (Burman). Actuellement, elle est devenue la technique de référence dans le traitement de nombreuses pathologies de l’épaule.
AVANTAGES
Ils sont nombreux
- cicatrices réduites
- réduction du taux de complications à type d’hématome et d’infection
- réduction des douleurs post-opératoires
- rééducation facilitée
- traitement dans le même temps des problèmes associés à l’intérieur et à l’extérieur de l’épaule, sans alourdir les suites opératoires
DEROULEMENT DE L'INTERVENTION
Elle s’effectue sous double anesthésie (loco-régionale et générale) ou sous anesthésie loco-régionale isolée quand celà est possible.
- Anesthésie loco-régionale de l’épaule : une anesthésie des nerfs à la base du cou est réalisée, permettant ainsi le contrôle des douleurs post-opératoires. L’effet s’estompera progressivement dans les heures suivant l’intervention et le relais sera pris par des médicaments antalgiques.
- Anesthésie générale : tout le temps de l’intervention chirurgicale. Pour permettre un travail satisfaisant du chirurgien, la tension artérielle doit être baissée par l’anesthésiste, ce qui évite les saignements perturbant la vision de la caméra. La consultation d’anesthésie (et du cardiologue si nécessaire) pré-opératoire permettra de vérifier le bon fonctionnement de votre coeur et des artères afin de diminuer le risque de problèmes au cours de l’intervention, dus à la baisse de la tension artérielle.
Le patient est installé en position assise, le bras opéré en traction pour décoller l’épaule, la tête étant maintenue solidement dans une têtière adaptée à ce type de chirurgie. Les points de compression neurologique sont protégés pour éviter une paralysie d’un nerf due à la position assise sur la table d’opération (complication toujours possible malgré les précautions prises).
La peau du patient est préparée selon les recommandations du CLIN (Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales) afin d’éviter au maximum la pénétration d’une bactérie durant l’intervention (cf chapitre hospitalisation). Les champs opératoires sont ensuite positionnés.
Du sérum physiologique est injecté en permanence dans l’épaule par une pompe afin d’augmenter la pression dans l’articulation et permettre ainsi le travail du chirurgien.
A la fin de l’intervention, un pansement volumineux est mis en place afin de récupérer le sérum physiologique qui s’est infiltré sous la peau durant l’intervention et qui va s’évacuer progressivement par les incisions cutanées.
L’attelle est immédiatement mise en place par le chirurgien et le patient est conduit en salle de réveil.
COMPLICATIONS SPECIFIQUES DE L'ARTHROSCOPIE
Même si l’arthroscopie a permis de diminuer les risques par rapport à une chirurgie conventionnelle, il persiste malheureusement des complications :
- lésions nerveuses dues à la traction du bras : peu fréquentes, mais possible en cas de chirurgie prolongée.
- gonflement des tissus autour de l’épaule : obligatoire puisque le sérum physiologique est injecté sous pression tout au long de l’intervention. Ce gonflement peut être inquiétant pour le patient, mais régresse spontanément en quelques heures.
- infection : exceptionnelle par rapport à la chirurgie conventionnelle, mais reste malheureusement possible (< à 1%).
- lésions vasculaires : également exceptionnelles.
- lésions du cartilage : la destruction post-opératoire du cartilage articulaire a déjà été rapportée, mais il s’agit d’une complication rarissime dont la cause est inconnue (même si des hypothèses ont été avancées).
- complications dues à l’anesthésie : comme pour toute intervention chirurgicale. La baisse artificielle de la tension artérielle peut-être responsable de troubles cardiaques ou vasculaires, mais la visite pré-anesthésique et cardiologique permet de dépister les facteurs de risque. En cas de contre-indication à la baisse de la tension, une chirurgie conventionnelle sera préférée ou une annulation de l’intervention sera décidée.
- conversion en chirurgie conventionnelle pendant l’arthroscopie : est toujours envisagée, si les conditions de l’arthroscopie ne garantissent pas une qualité de travail satisfaisante pour le chirurgien.
Les complications de la chirurgie arthroscopique de l’épaule restent rares et en tout état de causes certainement inférieures à celles de la chirurgie traditionnelle.